Discours d’Yves Albarello

Le 08/09/2014

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Yves Albarello est député de Seine-et-Marne, également maire de la commune de Claye-Souilly. Il a assisté ce dimanche à la cérémonie d’hommage à Charles Péguy à Villeroy. Il a tenu à s’exprimer devant la stèle érigée à la sortie de Villeroy, en l’honneur de Charles Péguy. Voici le texte de son allocution. 










Monsieur le Maire de Villeroy, Cher Ami,


Messieurs les Ministres, 


Monsieur le Sous-Préfet,


Monseigneur, 


Mesdames et Messieurs les élus, 


Mesdames et Messieurs, Chers Amis, 


Cette année, en ce mois de septembre 2014, nous commémorons le centième anniversaire de la guerre de 14-18, la première guerre mondiale, la Grande Guerre. On l’appelle ainsi à juste titre parce qu’elle a duré longtemps (4 ans), qu’elle a embrasé toute l’Europe en ayant de surcroît des répercussions Outre-Mer.


Également parce qu’elle a mobilisé des millions de combattants envoyés sur le front, ainsi qu’un effort sans précédent de toute la population, les femmes notamment, pour accroître la production, remplacer dans les usines et dans les champs les hommes et les jeunes gens partis au combat, tenir des tâches administratives à leur place même, et pour beaucoup d’entre elles, aller les aider sur le front en soignant leurs blessures reçues au combat.


Nous avons ainsi, dans le cimetière ancien de Claye-Souilly, des tombeaux d’infirmières qui portent témoignage.


On ne dira jamais assez que si ce sont les hommes qui ont résisté à la poussée ennemie dès septembre 1914, puis qui ont gagné la guerre en 1918, c’est en grande partie aux femmes qu’ils le doivent par l’admirable aide que celles-ci leur ont apportée.


Ce fut particulièrement vrai ici, dans notre Seine-et-Marne Nord, notre Brie, notre Plaine de France, où se déroulèrent les premiers combats décisifs.


Je pense en particulier à ces femmes d’agriculteurs, ces épouses et mères d’hommes et de garçons mobilisés comme soldats et qui ne revinrent jamais de l’enfer des tranchées.


Ici même, dans cette belle plaine de Villeroy et de Chauconin-Neufmontiers, en face de Trilbardou, nos grands-parents en eurent un symbole fort dès les premiers jours de septembre 1914.


L’ennemi, qui était alors l’Allemagne, avec laquelle nous sommes pleinement réconciliés aujourd’hui et avec laquelle nous construisons l’Europe depuis un bon demi-siècle, avait envahi la France après avoir violé la neutralité de la Belgique.


Sa puissante armée avait enfoncé nos défenses et elle menaçait de prendre Paris, ce qui aurait entraîné une capitulation, un renversement du régime et un asservissement de notre pays, de notre Nation, à l’impérialisme du Kaiser allemand et de son armée prussienne.


Nos dirigeants, politiques et militaires, alors dignes de la confiance de nos grands-parents, surent faire face. 


Pour sauver Paris, pour sauver la France toute entière, pour sauver la population française dans son ensemble, ils décidèrent de résister et de stopper l’ennemi en le combattant ici-même.


Ici-même, dans cette plaine de Villeroy, alors que les Allemands étaient déjà sur les hauteurs de Meaux qu’ils encerclaient, ainsi que sur la butte de Monthyon d’où ils tirèrent le premier coup de canon, leurs avant-gardes poussant même jusqu’à Saint-Soupplets.


Ce fut l’honneur et le courage des futurs maréchaux JOFFRE, le généralissime, GALLIÉNI, le gouverneur militaire de Paris qui envoya ses troupes en taxis, les fameux «taxis de la Marne» et qui a son monument sur Trilbardou en face d’ici. 


Enfin, MAUNOURY, futur maréchal également, dont la 6ème armée eut le privilège de stopper l’ennemi et de le battre sur ces terres de la Marne et de l’Ourcq.


MAUNOURY, le vainqueur de la bataille de la Marne sur le terrain, dont le poste de commandement était installé à Claye-Souilly, dans l’ancien château des Tourelles qui est aujourd’hui le siège de ma Mairie.


C’est donc dans la plaine où nous sommes que se déroulèrent les premiers combats.


Nos fantassins, qui portaient encore l’uniforme de la guerre de 1870 avec le pantalon rouge facilement reconnaissable - ils n’avaient pas encore adopté le «bleu horizon»- furent décimés par la mitraille ennemie qui arrosait la plaine.


Nos morts furent ainsi nombreux, dès les premiers engagements.


Parmi ces morts, le lieutenant Charles PÉGUY, tombé à la tête de sa section.


Charles PÉGUY. L’immense écrivain, le poète, le chantre de Notre-Dame et de la cathédrale de Chartres, l’homme de lettres qui avait défendu l’innocence du capitaine Alfred DREYFUS n’était plus.


PÉGUY était alors un écrivain connu, très connu, universellement respecté. Il n’était plus un jeune homme puisqu’il avait atteint la quarantaine.


En raison de son âge et de sa notoriété, et grâce à ses relations, il aurait pu obtenir un tout autre poste que celui de conduire face à l’ennemi une troupe de fantassins exposée au feu de celui-ci. Mais PÉGUY n’en fit rien. Officier de réserve intégré dans l’armée active du fait de la guerre, PÉGUY n’écouta que son devoir : prendre la tête de sa troupe face à l’ennemi.


La Grande Tombe sur laquelle nous nous recueillons porte l’inscription des noms de Charles PÉGUY et de ses compagnons. PÉGUY pourrait être au Panthéon, comme d’autres. Il est resté ici parmi ses frères d’armes, au milieu de ceux qui, avec lui et comme lui, firent le sacrifice de leur vie pour défendre leur Patrie en danger. Quel exemple ! À l’heure où l’on parle des valeurs de la France qui sont menacées, valeurs républicaines, valeurs démocratiques, valeurs nationales et patriotiques, le sacrifice de Charles PÉGUY et de ses compagnons nous interpelle.


Ils ont donné leur vie pour la Patrie, pour que les Français restés derrière, à l’écart du front, vivent. Pour que la France vive. Ils sont morts dans la fleur de l’âge, à l’âge où l’on veut vivre.


Charles PÉGUY, idéal et modèle pour la jeunesse d’aujourd’hui, son œuvre magnifique, sa vie sans tâches, sa mort glorieuse forment un tout.


Dans ce centenaire commémoratif, car on ne saurait célébrer une guerre, on peut et on doit en revanche célébrer le sacrifice exemplaire de Charles PÉGUY et de ses compagnons de combat fauchés ici il y a un siècle dans cette plaine.


De nombreux lycées et collèges portent déjà le nom de Charles PÉGUY. C’est normal car PÉGUY est un modèle pour la jeunesse. Je souhaite qu’il y en ait de plus en plus et que les commémorations de la Grande Guerre fournissent l’occasion de multiplier les baptêmes d’établissements scolaires portant le nom de Charles PÉGUY. 


Je le souhaite aussi pour Alain FOURNIER, l’auteur du «Grand Meaulnes», autre grand écrivain mort au combat un peu plus tard dans la Meuse.


Je souhaite également que ces commémorations rappellent que PÉGUY fut un immense écrivain et que ses œuvres méritent d’être régulièrement rééditées et étudiées.


Enfin, je ne voudrais pas terminer cet hommage du Député de la circonscription dont fait partie la commune de Villeroy sans saluer l’action exemplaire de mon collègue et ami Daniel FROGER, le maire de Villeroy, des responsables et animateurs, dont la famille BRAQUET, du magnifique et si émouvant petit musée de la Grande Guerre à Villeroy qu’ils ont créé et font vivre avec bonheur, et enfin de la famille PÉGUY toujours si fidèle et si attentive aux manifestations qui honorent son prestigieux ancêtre.






                                                                                                    Yves Albarello, Villeroy le 7 septembre 2014 


 


(Photo par Véronique Péguy)  



 

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