Musique : Péguy version électro

Le 03/11/2014

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Nicolas Pérez  est un compositeur de musique, né en 1979. En septembre dernier, il a sorti un album en hommage à Charles Péguy. Cela s'intitule "Cahiers de la Quinzaine". L'album est disponible sur les sites de téléchargement. Pour visionner un clip (sur Youtube), cliquez ici. Le style : un mélange de musique symphonique et électronique. Nous avons contacté l'artiste pour en savoir plus sur cet album et sur son attachement à Charles Péguy.



 



Amitié Charles Péguy : Vous avez sorti un album intitulé « Cahiers de la Quinzaine », en hommage à Charles Péguy. Que représente cet écrivain pour vous ?



Nicolas Pérez :
J’ai connu Charles Péguy à travers la pensée de Bergson. C’est un écrivain qui déroute par sa lucidité sur son temps, et à la fois par sa façon très personnelle de l’exprimer. Dès la première fois que je l’ai lu, j’ai été frappé par son écriture répétitive que je trouvais très musicale. Pour un musicien, la lecture de Péguy est un vrai plaisir. En plus de cette écriture particulière, il exprime des idées fortes, en utilisant des formules très personnelles, où il dit tout ce qu’il a sur le coeur. En définitif, Péguy est un écrivain authentique, qui ne s’embarrasse pas de formules toutes faites, pour exprimer ce qu’il a à dire. Il écrit ce qu’il a envie de dire, et peu importe les conséquences. C’est précisément ce que j’aime chez Péguy, cette spontanéité, cette sincérité, cette franchise que l’on ne trouve pas chez Bergson.





Amitié Charles Péguy : Pourquoi avoir choisi comme titre : "Cahiers de la Quinzaine" ?



Nicolas Pérez : "Cahiers de la Quinzaine" est un titre qui m’est venu comme une évidence. Péguy a travaillé sur ses Cahiers toute sa vie, et pour moi c’était la meilleure manière de représenter ce personnage. On ne peut pas séparer Charles Péguy et cette revue qu’il a créée et dirigée avec force, travail et passion. Lorsqu’on parle de Péguy, on parle forcément des "Cahiers de la Quinzaine".





Amitié Charles Péguy : Votre album est composé de 15 titres intitulés "Cahier 1", "Cahier 2", etc. Y a-t-il un lien avec le fait que Péguy a publié 15 séries de Cahiers. Y a-t-il même un lien entre chaque morceau et la série de Cahiers correspondants ?




Nicolas Pérez :
Pour faire cet album de musique, je suis parti de l’édition de Charles Péguy dans la Pléiade. Dans cette édition, les Cahiers ont été séparés en trois volumes, dont le premier va du Cahier 1 à 6, le second du Cahier 7 à 10, et le dernier du Cahier 11 à 15. J’ai composé mon album de musique en trois parties afin de respecter l’ordre des Cahiers tels qu’ils étaient édités dans la Pléiade. Mes trois parties prennent en compte les trois grandes évolutions dans la pensée de Charles Péguy, c’est-à-dire le socialisme, le patriotisme et la mystique. J’ai donc fait en sorte que musicalement, on ressente l’évolution de Péguy.





Amitié Charles Péguy : Cet album est un mélange de musique symphonique et électronique. Ce n’est pas forcément le style musical auquel on s’attend quand on pense à Charles Péguy… D’après vous, de quelle manière la musique électro peut-elle traduire l’esprit du fondateur des Cahiers de la Quinzaine ?



Nicolas Pérez :
Il est vrai que Péguy était farouchement opposé à la modernité, et je ne pense pas qu’il aurait apprécié la musique électronique, en tout cas celle qui se limite aux machines et aux échantillonneurs. Ceci étant dit, Charles Péguy est un écrivain qui a su critiquer la modernité sans pour autant être un réactionnaire, et en ce sens, sa pensée est très proche de la façon dont je conçois la musique. A la fois moderne par sa façon de s’exprimer, et classique par sa façon de s’accrocher aux valeurs du passé, il arrive à faire des synthèses entre l’avant et l’après qui rendent sa pensée très actuelle. Ma musique fonctionne de la même manière, mélangeant à la fois l’avant et l’après, la musique classique et la musique électronique. Dans un album consacré à Charles Péguy, l’électronique ne pouvait être utilisée que de façon "classique", c’est-à-dire sans fioriture ni effet particulier. J’ai donc utilisé les synthétiseurs de la même manière que l’orchestre symphonique. En faisant un album mi- classique mi- moderne, j’avais envie de coller au plus près à la pensée de Péguy et au personnage.





Amitié Charles Péguy : Quel public ciblez-vous avec cet album ?



Nicolas Pérez :
Mon objectif est de faire découvrir un écrivain que l’on connaît peu. Je me sers d’une musique assez accessible et mélodique, reconnaissable par tous, pour pousser les uns et les autres à mieux s’intéresser à Péguy. Je ne veux pas que ma musique soit cantonnée à un public intellectuel ou spécialiste de Charles Péguy, je veux aussi que n’importe quelle personne puisse également apprécier ma musique, et par ce biais faire découvrir un écrivain.



Propos recueillis par Olivier Péguy



Pour en savoir plus sur Nicolas Pérez, cliquez ici.




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