Le "centenaire Péguy" vu par son petit-fils

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Le 02/01/2015

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Petit-fils de l'écrivain, Michel Péguy est le mandataire des descendants. Pour toute la famille, et pour lui en particulier, 2014 aura été une année très dense. Comment a-t-il vécu ce centenaire ? Quel bilan en fait-il ? Il a accepté de répondre à quelques questions.







Amitié Charles Péguy : Quel regard portez-vous sur cette année de centenaire ?

Michel Péguy : Ce qui me frappe en premier lieu, c'est la diversité des manifestations organisées durant cette année. On a parfois tendance à n'accorder d'importance qu'aux grands événements parisiens (il y en a eu, et c'est très bien), mais je suis tout autant touché par une lecture organisée dans un village, une conférence dans une petite église ou une exposition dans une école. C'était parfois le fait de petites associations, voire d'individus, des amateurs de Péguy qui ont osé afficher leur passion au grand jour. Enfin, il n'est plus honteux de dire qu'on lit et qu'on aime lire Charles Péguy. Je n'ai malheureusement pas pu assister à tous ces événements, mais je vois dans cette diversité des manifestations, le signe d'un regain d'intérêt pour Charles Péguy et pour sa pensée. Et l'on ne peut que s'en réjouir !

Je tiens à rendre ici hommage à l'Amitié Charles Péguy pour avoir initié, accompagné, organisé, relayé, participé à tant d'événements en cette année. Je suis admiratif du travail effectué, pas seulement ces derniers mois, mais depuis tant d'années, pour faire « revivre » Péguy. C'est d'ailleurs le titre donné à un dossier paru dans la revue culturelle Nunc (parue en février 2014) : « Péguy vivant » ! En janvier dernier, en guise de lancement de l'année du centenaire, la présidente de l'Amitié Charles Péguy, Claire Daudin, écrivait : « C’est un hommage à une œuvre vibrante encore de la passion qui l’anima, à une pensée "actuelle" que nous voulons rendre, nous, lecteurs de Péguy, nous, ses amis ». C'est précisément ce à quoi nous avons assisté en 2014 : un hommage à une œuvre vibrante et une pensée vivante.



Amitié Charles Péguy : N'êtes-vous pas déçu par l'absence d'hommage officiel de la part des autorités (présidence de la République, ministère de la Culture...) ?

Michel Péguy : Comment être déçu puisque je n'en attendais rien ! Je crois que des invitations ont été envoyées, notamment pour la journée d'hommage à Villeroy. Mais le gouvernement a décliné l’invitation. Donc, pas l'ombre d'un ministre de la Culture ou même d'un secrétaire d'Etat aux Anciens combattants... Certains ont pu regretter une telle absence, qui renforce l'idée que la gauche semble mal à l'aise avec Péguy. D'autres ont rappelé que pour le cinquantenaire de la mort de Péguy, en 1964, toutes les manifestations avaient été placées sous le haut patronage du président de l'époque, Charles de Gaulle... Pour ce centenaire, tant pis pour les absents (qui ont toujours tort) ! Moi, ce que je retiens, ce sont les présents, tous ces amis de Péguy, connus ou inconnus, spécialistes ou simples amateurs, venus d'horizons politiques et sociaux variés, qui se sont retrouvés lors des différentes manifestations.

 

Amitié Charles Péguy : Qu'avez-vous découvert sur Péguy cette année, que ce soit lors des conférences ou à travers les nombreuses parutions ?

Michel Péguy : Je l'ai dit : je n'ai pas pu assister à toutes les manifestations. Je n'ai pas non plus eu le temps de lire tous les ouvrages et les articles parus ces derniers mois. Je tiens néanmoins à saluer celles et ceux qui, grâce à leur propos, par écrit ou par oral, nous aident à (mieux) comprendre la pensée de Péguy.

Cela dit, s'il y a bien une idée-force qui se dégage, c'est cette étonnante actualité de la pensée de Péguy. Tous les commentateurs le démontrent de manière bien plus savante que moi. Mais il suffit de se plonger dans les écrits mêmes de Péguy pour le constater. Relisez donc Notre jeunesse, relisez la Note conjointe, relisez De Jean Coste, relisez L'Argent ! Nous, descendants de Péguy, avons pris l'initiative, modeste, de publier pour ce centenaire, un petit livret de morceaux choisis, avec notamment des extraits des œuvres que je viens de citer. Cette sélection est forcément partiale et, par définition, partielle. Mais les quelques textes choisis permettent aux néophytes de découvrir les écrits de Péguy, et peut-être, avoir envie d'aller plus loin. Et alors que cette année de centenaire s'achève, notre satisfaction est bien de constater que la méconnaissance recule et que les préjugés, qui ont longtemps prévalu, s'estompent.



Amitié Charles Péguy : Quel souvenir personnel, quelle image forte garderez-vous de ce centenaire ?

Michel Péguy : Difficile de choisir une seule image parmi tous les événements de l'année. Cela pourrait être celle des Finkielkraut, Bayrou, Dosière, Sueur, Julliard..., réunis à la même tribune au Sénat en janvier pour parler de leur relation à Péguy, par delà les clivages partisans. Cela pourrait être également l'image de la soirée au Collège des Bernardins, pour la présentation de la nouvelle Pléiade, un travail éditorial que je souhaitais, depuis tant d’années, voir aboutir. Cela pourrait être enfin l'image de la rencontre-débat organisée à la Bibliothèque municipale de Lyon. Je m'y suis exprimé comme je l'avais fait 41 ans plus tôt pour ce qui était alors le centenaire de la naissance de Péguy. Mais s'il ne devait y avoir qu'une image qui résumerait « mon » centenaire, ce serait celle de Villeroy, lorsque tous mes petits-enfants m'ont accompagné pour déposer une gerbe de blé sur la Grande Tombe. Ce fut un moment empli d’émotion, de paix et d’espérance, là même où 100 ans plus tôt, tant de vies furent fauchées !



Pour aller plus loin : lire l'interview de Michel Péguy dans le quotidien Le Progrès, le 24 novembre (cliquer ici). 


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Par : Jean Bouteiller

Note : Note 3

Titre : Péguy

Avis : je souhaite de tout coeur voir mieux évoquer la FOI

de Charles Péguy qui fut édifiante.

Avoir fait la longue marche jusqu'à Chartres et implorer avec confiance Notrez-Dame pour la guérison de son fils et l'apaisement de sa passion pour Blnache, cela mérite d'être salué.Qui ferait mieux que notre poète, marié, père de famille ?Oui, c''sst en 1926 avec la conversion et le baptême des siens que Charles Péguy a été le "fruit" dont parle l'Evangile.