Échos de la Table ronde à Villeroy sur les publications récentes

Le 30/09/2016

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Publications récentes autour de Charles Péguy

présentées lors de la table ronde qui a suivi les cérémonies commémoratives

 à Villeroy, le 11 septembre 2016



 



La commémoration le 11 septembre dernier de la mort de Péguy à Villeroy a été suivie comme prévu d’une table ronde animée par Éric Thiers, vice-président de l’Amitié Charles Péguy, sur les  nouveautés éditoriales autour de Charles Péguy.



On trouvera ci-dessous la présentation de ces différents ouvrages sur la base de la description fournie par les éditeurs (parfois légèrement aménagée). Les différents auteurs qui avaient pu faire le déplacement de Villeroy les ont quant à eux présentés oralement et répondu aux questions posées par une assistance attentive.



Parmi ces ouvrages récents, on relèvera tout d’abord la réédition de deux œuvres poétiques de Charles Péguy, l’une critique, l’autre simplement complétée d’une introduction.



  La Tapisserie de sainte Geneviève et de Jeanne d’Arc, et vers inédits, de Charles Péguy, Édition critique par Romain Vaissermann, éditions Paradigme, (448 pages, 35€, ISBN : 978-2-868-78143-7, disponible également en version numérique).



   Prière, poésie et passion, La Tapisserie de sainte Geneviève et de Jeanne d’Arc est tout cela à la fois. En cette fin de l’année 1912, aux grandes heures des répétitions litaniques qui consacrent en Charles Péguy un grand poète catholique et l’installent définitivement au panthéon littéraire français, l’œuvre que prépare le gérant des Cahiers de la quinzaine innove par un extraordinaire défi lancé à la littérature ambiante : sous la fougue de son inspiration, Péguy fait exploser le cadre étriqué du sonnet et tente d’épuiser le dictionnaire de rimes.



 Mais où mène cette soudaine faconde versifiée ? Et quelle en est la source ? Dans ce recueil publié en décembre 1912, et peut-être plus encore dans les centaines de vers inédits écartés de la publication et aujourd’hui exhumés pour la première fois, il n’est pas trop de sainte Geneviève et de Jeanne d’Arc, deux grandes figures de résistance à l’envahisseur, pour contenir l’aveu des affres de la passion qui tourmentait alors Péguy.Cette nouvelle édition est  la première édition critique complète de La Tapisserie de sainte Geneviève, actuellement disponible chez Gallimard à la « Bibliothèque de la Pléiade » et dans les collections « Blanche » et « Poésie », qui remontent aux années 1950-1960.  Ces deux dernières éditions ne sont pas, en effet, des éditions critiques. Quant à l’édition critique de La Tapisserie de sainte Geneviève établie dans le volume de la « Bibliothèque de la Pléiade » parue en 2014, elle est incomplète des inédits présentés dans cette nouvelle édition, richement annotés selon les canons universitaires et rendus accessibles au plus grand nombre parce que ces notes ont été voulues pédagogiques.



Édité sans souci de coller à l’actualité – l’année du centenaire de la mort de Charles Péguy (2014) étant passée – mais avec la volonté de livrer au public un texte valable encore dans cinquante ans, ce volume de vers est, pour une large part totalement inédit. Ces inédits ne sont pas des fonds de tiroirs insignifiants mais des vers bien complets et suivis dans des strophes elles-mêmes bien complètes et suivies. Parmi ces quatre-cent-soixante-quinze quatrains, seuls une dizaine de mots restent difficiles à lire sur le manuscrit, retrouvé à force de recherche…



Romain Vaissermann, né en 1974, ancien élève de l’ENS, (1996), agrégé de grammaire, (1998). Il a soutenu sa thèse sur La Digression dans l’œuvre en prose de Charles Péguy en 2005. Il a collaboré à l’édition des Œuvres poétiques et dramatiques de Charles Péguy (Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2014). Il est, depuis 2006, président de l’association des « Amis de Jeanne d’Arc et de Charles Péguy ».



Le mystère des saints innocents, de Charles Péguy, avec une introduction de Claire Daudin, Édition Salvator, Paris, mai 2016 (220 pages, 17,90€, ISBN : 978-2-7067-1373-6).



Le Mystère des saints innocents, paru en 1912 n’a pas pris une ride. Il répond toujours aux angoisses de notre temps. Comment être croyant dans un monde où l’on assimile la religion à la soumission et à la violence ?



Comment être français dans un pays tenté par le reniement et le renfermement sur soi ? Comment être père dans une société en panne de dialogue intergénérationnel ?



Péguy répond à ces interrogations. À travers le discours de Madame Gervaise, c’est Dieu qui parle. Audace du poète, qui bouscule les certitudes ou les préjugés de son lecteur, en faisant l’éloge de l’espérance et de la miséricorde, de la liberté de l’homme – la plus belle création de Dieu – et du peuple français qui a « la liberté dans le sang ».



 Remarque : le bandeau figurant sur la couverture est la reproduction du tableau Le Paradis, (musée d’Orsay) peint en 1912, (année de publication du mystère) à Perros Guirec, par Maurice Denis, exact contemporain de Péguy, puisque né en 1870.



 Claire Daudin, ancienne élève de l’ENS, est présidente de l’Amitié Charles Péguy.



  Cette réédition a bénéficié du soutien de l’Amitié Charles Péguy dans le cadre de sa politique visant à rendre les œuvres de Charles Péguy accessibles au plus grand nombre au travers d’éditions en format de poche.



  Une anthologie des principaux essais de Charles Péguy, et un essai volumineux nous ont été présentés par Alexandre de Vitry :



  Charles Péguy, Mystique et politique, Préface d’Antoine Compagnon, édition établie et annotée par Alexandre de Vitry, Editions R. Laffont, Paris, collection Bouquins, (XXXI et 1242 pages, 32€, ISBN : 978-2-221-14657-6).



 C’est un recueil des principaux essais de Charles Péguy, publiés dans les Cahiers de la quinzaine entre 1904 et 1913. Ils forment une charge contre le monde moderne , entre commentaire littéraire, enquête philosophique, célébration mystique et pamphlet.



 Si Péguy reste perçu comme l’exemple même de l’homme engagé, un modèle d’austère vertu républicaine, la lecture de son œuvre révèle un personnage bien plus complexe et toutmenté, à la fois tragique et comique, au style puissnat et catégorique.



Tout chez lui relève de la mystique, non seulement le judaïsme et le christianisme, qui lui sont particulièrement chers, mais aussi l’amour de la République, de la monarchie et de la patrie. De l’Affaire Dreyfus, qui l’accompagna toute sa vie, il conserva un seul impératif , applicable à tout : que la « mystique ne soit pas dévorée par la politique à laquelle elle donné naissance ». C’est pourquoi, à une époque où la politique offre une image plus que jamais dégradée, il est urgent de découvrir ou de retrouver l’œuvre de cet intransigeant. Lire Péguy et ses étonnants Cahiers de la quinzaine, c’est s’abreuver à la source de toute politique, quel qu’en soit l’horizon ; c’est retrouver l’exigence d’un sens dans un monde lui-même en quête de repères.



Les principaux essais de Péguy, réunis (…) pour la première fois dans un volume cohérent par Alexandre de Vitry, sous le patronage d’Antoine Compagnon, tissent une longue analyse de ce monde annonciateur du nôtre et de ce qu’il est déjà en train de trahir : le génie littéraire, l’héroïsme, la sainteté et toutes les formes de la grandeur. Les cibles de l’écrivain se succèdent sous son regard perçant, depuis Taine et Renan jusqu’à l’argent-roi, en passant par les défaitistes en tout genre, les hérauts de la « nouvelle Sorbonne », les cléricaux de toutes les Églises.



Intervenant sur « les sujets les plus brûlants de l’actualité sociale et culturelle et en général sur les conditions du vivre-ensemble », Péguy demeure « incontestablement parmi nous », comme le souligne Antoine Compagnon dans sa préface.



 Conspirations d’un solitaire : l’individualisme civique de Charles Péguy, d’Alexandre de Vitry, Edition Les Belles Lettres , Collection Essais, numéro 13, 2015 (644 pages, 37€, ISBN : 978-2-251-44555-7).



 Cet essai est issu de la thèse soutenue par Alexandre de Vitry à l’université Paris-Sorbonne. Il y avance qu’une même contradiction traverse l’œuvre de Charles Péguy, entre l’individu et la cité, entre la solitude et l’engagement, entre le repli mystique et l’élan politique.



 Les combats de Péguy semblent bien contradictoires au lecteur d’aujourd’hui, comme ils le parurent souvent à ses contemporains : dreyfusard et socialiste anarchisant, il devint un patiote virulent puis un singulier chrétien des « profondeurs », confondant en sa personne des univers a priori fort incompatibles. Plutôt que d’opposer entre elles ces différentes appartenances, ou de croire trop vite que leur articulation ne pose aucun problème, il est bien plus fructueux de remarquer que c’est une même contradiction qui traverse de part en part toute son œuvre, entre l’individu et la cité, entre la solitude et l’engagement, entre le repli « mystique » et l’élan « politique », termes qu’il manie d’une manière toute singulière souvent réversible, et qui font tout le sel et l’actualité de cette œuvre inclassable.



A la tête de ses Cahiers de la quinzaine, Péguy aimait à se rêver en « conspirateur » : ses textes, ses amitiés, ses confidences, lui permirent de « fomenter » dans un demi-jour la cité idéale à venir, sans jamais renoncer à une forme d’irrépressible individualisme. C’est cela qu’il appelait la « mystique » : dévoiler et cachern dans un même geste, le secret individuel de toute politique, saper la cité en même temps qu’on cherche à la fonder. La politique de Péguy, si impérieuse, est aussi une antipolitique ; du XXe siècle, il aura porté à la fois le mal et le remède.



Alexandre de Vitry est ancien élève de l’ENS de Lyon, agrégé de lettres modernes et docteur en littérature française de l’université de Paris-Sorbonne.



 



L'attention de l'assistance a été attirée ensuite sur la publication récente des actes de deux colloques organisés par l'Amitié Charles Péguy dans le cadre du centenaire de la mort de Péguy.



Claide Daudin a ainsi présenté 



 Voix de Péguy, Échos, Résonnances, sous la direction de Jérôme Roger, Édition Classiques Garnier, collection Colloques de Cérisy, mai 2016,  (383 pages, 32€, ISBN :978-2-8124-5972-6).



Il s’agit de la publication des nombreuses et très riches communications délivrées dans le cadre du Centre international de Cérisy par les nombreux participants venus de divers pays (France, Suède, Italie, Espagne, Russie, USA, Japon, Kenya, notamment) en juillet 2014, sur le thème de la voix chez Péguy. 



Éric Thiers de son côté nous a présenté la publication prochaine de 



 La pensée politique de Charles Péguy, Notre République, sous la direction de Charles Coutel et Éric Thiers, avec les contributions de François Bayrou, Claire Daudin, René Dosière, Alain Finkielkraut, Jacques Julliard, Antoinette K. Kankindi, Jennifer Kilgore-Caradec, Géraldi Leroy, Jean-Pierre Rioux, Jean-Pierre Sueur, Tatiana Taïmanova et Juan Carlos Vila, Éditions Privat, à paraître, octobre 2016. (260 pages environ, 12€, ISBN : 978-2-7089-6982-7).



Cette publication reprend la plupart des communications présentées lors du colloque organisé à Paris dans les locaux du Sénat en janvier 2014, sur le thème de l’Actualité de la pensée politique de Charles Péguy. Elles sont rassemblées en quatre parties , Péguy le politiqueAujourd’hui PéguyPéguy l’internationalPéguy après Péguy, et complétées par une anthologie de textes de Péguy.



 



Enfin nous fut présenté la publication originale relative au Chemin Charles Péguy qui aborde l’œuvre de Péguy sous l’angle nouveau, très incarné, de la marche vers Chartres, tout en abordant également des thématiques plus personnelles à l’auteur.



 En route vers Chartres : dans les pas de Charles Péguy, de Pierre-Yves Le Priol, préface de Michel Péguy, avant-propos de Claire Daudin, Édition Le Passeur éditeur, collection Chemins d’étoiles mars 2016 (290 pages, 19,50€, ISBN : 978-2-36890-407-7)



 Faisant à pied le Chemin Charles Péguy, qui relie Palaiseau, dans l’Essonne, à Chartres, suivant le trajet emprunté par l’écrivain en 1912 et 1913 Pierre-Yves Le Priol nous invite à découvrir un homme au parcours contrasté, passé de l‘athéisme militant à la foi révélée, et son œuvre, ainsi que la région du Hurepoix et les plaines de la Beauce.



Prendre la route de Chartres, un beau matin, et marcher pendant trois jours pour apercevoir les flèches de la célèbre cathédrale gothique comme posée sur les blés : tel est le voyage que Pierre-Yves Le Priol a réalisé, cent ans après Charles Péguy. Trois amis l’accompagnent, dont le petit-fils de l’écrivain, Michel Péguy. Au fil des étapes nous découvrons ce chemin buissonnier, traversant les bois de la vallée de Chevreuse, les beaux villages du Hurepoix puis la vaste plaine de Beauce. La marche va bon train, le récit aussi. Pas à pas, la pensée et les écrits de Péguy se révèlent aux quatre pèlerins : une œuvre qui aide chacun d’eux à mieux vivre.



Une annexe pratique clôt ce récit vivant, sensible et plein d’humour, décrivant le Chemin Charles Péguy récemment inauguré, que randonneurs et cyclistes peuvent désormais emprunter. Une invitation à se mettre en route vers l’une des plus belles cathédrale de France, sur les traces d’un écrivain à la pensée stimulante.



 Pierre-Yves Le Priol est journaliste, ancien secrétaire général de la rédaction du quotidien La Croix. Il est membre du conseil de direction de l’Amitié Charles Péguy, et responsable depuis 2016 de l’édition de son Bulletin.



Lors de la clôture de la table ronde, il a été rappelé la publication de



« l’Édition du centenaire des Cahiers de la Quinzaine », qui reprend quinze numéros des Cahiers, un par année, réalisés à l’identique de l’original, par le prestigieux Atelier du livre d’Art et de l’Estampe de l’Imprimerie nationale, selon les techniques au plomb de l’époque.



Deux numéros sont d’ores et déjà parus. Le quinzième et dernier numéro sera livré au printemps 2018.



La souscription à cette édition exceptionnelle, au tirage réduit, est actuellement fermée, mais il est toujours possible d’acquérir l’un des quelques exemplaires non encore souscrit en s’adressant au siège de l’Amitié Charles Péguy, avant la livraison du dernier numéro. Au delà de cette date les exemplaires non encore diffusés ne pourront être acquis qu’en s’adressant à l’Imprimerie nationale, à un tarif plus élevé.


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