Décès de Jean Bastaire : hommages dans la presse

Le 21/09/2013

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Après l’annonce du décès de Jean Bastaire le 24 août, plusieurs journaux ont fait paraître des articles en forme d’hommage à l’écrivain disparu. Des articles qui dressent le portrait de cet intellectuel, insistant sur son rôle précurseur dans la réflexion sur l’écologie chrétienne. Les médias rappellent également l’attachement de Bastaire à la pensée de Péguy. Revue de presse.



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Famille Chrétienne, le 21 septembre 2013



Jean Bastaire, l'ami de Péguy



Jean Bastaire est mort le 24 août à 86 ans. Il fut, pour de nombreuses générations d'amis de Charles Péguy, un maître. Un maître efficace, persévérant, précis. Relisons de lui: Péguy l'inchrétien (DDB, 1991), Prier à Chartres avec Péguy (DDB, 1993) et Péguy contre Pétain (Salvator, 2000). A chaque fois, il est question de la position singulière de Péguy qui, plus tard, fut reconnue y compris dans l'Eglise. Les deux derniers papes ont demandé à voir Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc.



Pourquoi Jean Bastaire, ami du cardinal Barbarin, fut-il un passeur d'enthousiasme, une porte d'entrée grande ouverte sur Péguy ? Il avait appris du « Dieu de Péguy » le sens d'un surnaturel charnel et d'une grâce « racinée profond ». Et quand il dut défendre Péguy, après les attaques infondées d'antisémitisme larvé proférées par Bernard Henri-Lévy dans l'Idéologie française (1981), il alla au charbon et finit par convaincre ceux qui étaient honnêtes.



Il fut heureux de voir qu'Alain Finkielkraut, dans Le Mécontemporain (1992), défendait l'honneur de Péguy et son combat acharné conter les antisémites. Alors oui, comme le dit Jacques Julliard : « il était une "âme pure" ». Edwy Plenel salue sa « liberté d'esprit » et Patrick Kéchichian son « enthousiasme juvénile ». Il fut un formidable passeur de textes, d'idées, d'humeurs. Il vivait d'une théologie de l'Incarnation, d'une foi totale en la Résurrection.



Quand, à l'âge où certains vivent de leurs rentes intellectuelles, il s'engagea à fond dans son combat solitaire pour une écologie chrétienne solidaire de la Création tout entière, il mit de côté sa notoriété péguyste, par souci de vérité. Ce dernier combat était le sien seul.



Damien Le Guay, philosophe



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La Croix, le 5 septembre 2013



Les visages de Jean Bastaire



Dans l'édition du 27 août, La Croix évoque la belle figure de Jean Bastaire à l'occasion de sa récente disparition, comme celle d'un « précurseur de l'écologie chrétienne », pionnier de cette thématique dans les milieux catholiques à un moment où l'on n'en parlait guère. Incontestablement, ce souci de la défense de la Création a été l'un des grands et derniers combats de l'écrivain, qu'il partageait avec son épouse Hélène. À sa manière, il se plaçait ainsi clairement dans le sillage de l'idéal franciscain. « Pense-t-on assez à la souffrance des animaux, des créatures? », aimait-il à dire en des accents que le Pauvre d'Assise n'aurait pas reniés. Je voudrais insister sur d'autres dimensions tout aussi importantes de l'œuvre et de la personnalité de Jean Bastaire.



D'abord son rôle d'écrivain catholique qui avait le souci constant d'un lien entre la foi et la culture. A l'heure où le pape François insiste dans sa dernière encyclique Lumen fidei sur une foi qui se nourrit tant de l'intelligence, du sens de l'écoute et de la vision, ce trait est assez rare pour être souligné. Proche tant du cardinal de Lubac que de Robert Bresson, il y avait chez Bastaire cette attention aux multiples formes de la création artistique qui enrichissent notre perception de l'existence et notre condition humaine: poésie, théâtre, cinéma, littérature, polémique... Et puis, l'homme avait tout autant les qualités du professeur, du journaliste et de l'écrivain pour s'adresser à des publics variés, en bon familier des revues et des maisons d'édition avec qui il gardait un contact étroit. Nous étions là bien loin du mandarin élitiste.



Autre aspect et non des moindres, la dimension d'intellectuel de combat. Plus proche, on le sait, de Péguy que de Bernanos, Jean Bastaire était toujours prompt à manier les idées à contre-courant, à s'élever contre les modes, à dénoncer ce qui le choquait, au risque parfois d'apparaître décalé. Indigné à sa manière avant l'heure, il y avait de la grandeur dans ce courage désintéressé qu'on trouvait dans les colonnes de La Croix ou du Monde. Même si l'on pouvait ne pas être d'accord avec  toutes ses prises de position, l'espace pour la discussion ou la liberté du propos n'était jamais aboli avec lui. En ce sens, il a su nous rappeler le rôle de contestation de l'intellectuel, mot apparu durant l'affaire Dreyfus, et sa capacité à susciter le débat, fût-ce au risque de la provocation.



Enfin, comment oublier la place centrale qu'a tenue Jean Bastaire pour faire découvrir ou redécouvrir l'oeuvre de Péguy, une dimension malheureusement bien absente de cette évocation nécrologique ? Alors qu'après-guerre Charles Péguy souffrait d'une image posthume largement récupérée par le régime de Vichy, le lecteur scrupuleux qu'était Jean Bastaire a su changer notre regard sur l'écrivain. Une personnalité tout autre que celui du thuriféraire de la terre, de la famille et de la patrie, voire du boy-scout baroudant sur la route de Chartres. Comme l'écrira plus tard Alain Finkielkraut dans un essai à succès, Péguy est avant tout « mécontemporain » qui « dérange », qui questionne le monde moderne, dreyfusard qui va s'opposer à Jaurès, républicain en butte au monde catholique mais aussi aux anticléricaux, rhrétien qui ne sera jamais marié à l'église... Le beau livre édité par Jean Bastaire, Péguy tel qu'on l'ignore (Gallimard), a fait beaucoup en ce sens pour débarrasser le poète des caricatures. On doit le relire avec profit alors qu'approche le centenaire du déclenchement de la guerre de 1914-1918.

Gageons que le fondateur des Cahiers de la Quinzaine ne fut pas pour rien dans le combat écologique de Jean Bastaire, ce Péguy qui fait dire à Dieu dans Le Porche du Mystère de la deuxième vertu: « J'éclate tellement dans ma création. Dans le soleil et dans la lune et dans les étoiles. Dans toutes mes créatures. » Merci, cher Jean.



Marc Leboucher, éditeur et écrivain



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famillechretienne.fr, le 30 août 2013



Jean Bastaire, le chrétien qui voulait convertir les écologistes



Péguyste, écologiste, poète et philosophe chrétien : il y a de nombreuses raisons de s’intéresser à ce penseur méconnu, mort le 23 août à 86 ans. Et de le lire. 



De Jean Bastaire, la presse qui lui a récemment rendu hommage a surtout retenu l’écologiste. Pas faux mais un peu réducteur : Jean Bastaire était beaucoup plus que cela. Il était avant tout un amoureux et un spécialiste de Charles Péguy, auquel il a consacré plusieurs ouvrages. Péguy, pour lui, avant d’être un poète était avant tout un philosophe. Péguy dont il rappelait à quel point il était ulcéré par la façon dont ce qu’il appelait le « parti intellectuel » déformait et caricaturait sa pensée, en l’accusant d’être un « irrationaliste religieux ». « Le parti intellectuel, dit Péguy, a une conception rigide de la raison, il veut plâtrer la réalité dans des formules, déclarait Jean Bastaire au magazine Trente jours. Pour pouvoir comprendre la réalité, la raison doit, au contraire, être souple et se modeler sur elle. La première donnée, c’est l’expérience sensible et la raison doit la suivre, comme une servante, pour l’éclairer. »



L’évangélisation d’homme à homme



Jean Bastaire aimait aussi en Péguy le défenseur d’une forme très moderne d’évangélisation : « Pour lui, le cœur de l’annonce était le contact d’homme à homme, le témoignage qui se transmet d’une personne à l’autre. Et on est étonné du cri de douleur que Péguy prête à Jeanne d’Arc face à Mme Gervaise, la maîtresse des novices, qui lui répète de ne pas douter parce qu’“Il est là comme au premier jour”. Et Jeanne crie : “Il faudrait peut-être autre chose, mon Dieu, vous qui savez tout. Vous savez ce qui nous manque. Il faudrait peut-être quelque chose de nouveau, quelque chose qu’on aurait encore jamais vu, quelque chose qu’on aurait encore jamais fait. Mais qui oserait dire, mon Dieu, qu’il puisse encore y avoir du nouveau après quatorze siècles de chrétienté ?” »



L’importance de la chair, du « terreux »



Son amour et son admiration pour Péguy l’avaient préparé à devenir un défenseur de la nature et de la création, donc un écologiste chrétien. Il le devint sous l’influence majeure de sa femme, Hélène avec qui il écrira la plupart de ses livres « écologistes ».

« Sur un plan personnel, lorsque je me suis converti au christianisme, vers 20 ans, c’est aussi parce que j’y rencontrais avec joie un sens de la “chair” du monde, du “terreux” (1) qui me fascinait, expliquait-il aux Cahiers de Saint Lambert. C’est ce qui me marque aujourd’hui encore chez un auteur comme Péguy et sa théologie de l’incarnation. Une théologie qui n’évoque pas seulement un Dieu qui prend “chair” dans l’humain. Mais aussi, par extension et dans une autre mesure, dans le cosmos tout entier ».



Le véritable sens de l’écologie



Dans une interview sur KTO (ci-dessous), il expliquait le sens de l’écologie chrétienne : « Sauver la planète, sauver l’œuvre de Dieu. D’abord de la manière la plus urgente, matériellement. Et puis la sauver pour l’éternité » Qu’est-ce à dire ? « Dans les temps modernes, la foi chrétienne est devenue une affaire entre Dieu et l’homme. Et la création un garde-manger, qu’on mettra à la casse lors de la parousie ! On veut tellement le Ciel qu’on en oublie la terre. Or on ne se rapproche du Ciel qu’en passant par la terre. C’est ce qu’a fait le Christ ».

Dans cette optique, poursuivait-il, « la grande vocation des chrétiens, c’est de convertir les écologistes. Cette attitude de respect de la nature a en soi quelque chose de profondément biblique, ce que les écologistes païens n’admettent pas. La foi chrétienne doit lui donner son véritable sens ».



Charles-Henri d’Andigné



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Reporterre, 27 août 2013



La disparition de Jean Bastaire, penseur d’un écologisme chrétien



Jean Bastaire s’est éteint. Cet intellectuel tranquille et décroissant
dans l’âme avait stimulé la réflexion pour une approche chrétienne de
l’écologie.



Jean Bastaire est passé de l’autre côté du miroir samedi 24 août, à
l’age de 86 ans, à son domicile, à Meylan, près de Grenoble. Avec lui,
c’est une grande voix de l’écologie qui disparaît. De l’écologie
chrétienne, faut-il préciser d’emblée.



Ce poète, doublé d’un mystique amoureux de la beauté du monde, tenait en
effet beaucoup à situer sa réflexion et ses ouvrages dans le champ d’un
christianisme renouvelé, porteur d’une espérance forte pour des
lendemains moins glacés. Un christianisme de la terre et du ciel
résolument hostile à la société de consommation et à l’hérésie
productiviste/consumériste. En témoigne encore, avec une élégance et une
force sans équivoque, Pour un Christ vert, livre paru en 2009 (éd.
Salvator), quelques années après la première édition de Pour une
écologie chrétienne (éd. du Cerf, 2004).



Deux ouvrages qui auront connu un fort succès d’estime. La plupart des
autres, pourtant d’une haute teneur à la fois poétique et doctrinale,
n’auront hélas rejoint qu’un cercle étroit mais fervent de lecteurs
sensibles à la singularité de sa voix.



C’est que la discrétion de cet écrivain prolixe, éloigné des cercles
parisiens, fit de l’ombre à son envergure réelle d’essayiste aux accents
prophétiques. « La charité pour les hommes et les autres créatures nous
commande une charité cosmique. Entre eux, les destins sont liés. Sous
la direction de l’homme et par la grâce du Christ, la sauvegarde et le
salut (sauvegarde temporel et salut éternel) doivent s’étendre à tous »,
écrivait-il dans une des nombreuses lettres dactylographiées qu’il
envoyait à ses correspondants.



De fait, ce « mécontemporain », selon l’expression chère à Péguy dont il
était l’un des spécialistes reconnus, était resté un homme d’un autre
temps. De ce temps où l’on prenait …. le temps de lire dans le texte, in
extenso, les auteurs anciens et d’envoyer un abondant courrier. Un
éternel béret vissé sur le crâne, de solides souliers au pied, l’allure
alerte et même galopante avant que ses jambes ne le lâchent, cet agrégé
d’italien n’a, de fait, jamais adopté l’ordinateur et autres courriels,
encore moins les téléphones portables.



C’était un décroissant qui n’en revendiquait pas le nom mais qui en
avait la fibre. Et c’est ce qui le rendait si attachant. Citons le
encore : « Christ vert, cette expression étrange est calquée sur le
Christ socialiste du XIX ° siècle, Christ ouvrier et Christ des
barricades qui malheureusement échoua, faute de rencontrer dans l’Eglise
de son temps une compréhension suffisante qui aurait corrigé son
idéalisme naïf et son matérialisme théiste. L’Eglise du XXI ° siècle
va-t-elle rater à nouveau le rendez-vous ? »



Jean-Claude Noyé pour Reporterre



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La Croix, 26 août 2013



Jean Bastaire, précurseur de l’écologie chrétienne



Le philosophe et écrivain français, héritier de Péguy et de Claudel, s’est éteint samedi 24 août 2013 à l’âge de 86 ans, à Meylan (Isère) où il vivait retiré. Fervent défenseur de la Création, Jean Bastaire a écrit les prémices d’une théologie de l’engagement écologique, largement méconnue.



Son rêve était de voir les jeunes générations reprendre le flambeau de l’écologie chrétienne, qu’il avait allumé. Jean Bastaire est décédé samedi 24 août 2013 chez lui, « entouré de Jean-Louis, un voisin généreux qui l’a pris en charge dans ses derniers jours, et de Michel Péguy », petit-fils de Charles Péguy, écrit Fabien Revol, un de ses amis proches. Ces dernières années, l’intellectuel vivait retiré, mais continuait à écrire des lettres passionnées à ses amis, grâce à sa vieille machine à écrire.

« Il a mis l’accent sur un aspect de la foi qui est complémentaire de la mise en valeur de la personne humaine »



Né en 1927 à Chamalières (Puy-de-Dôme), cet amoureux des lettres se passionne pour Claudel et Péguy. En 1946, il est journaliste cinématographique à Paris. Malade, il rencontre au sanatorium, Hélène, médecin de dix ans son aînée, qu’il épouse en 1950. Converti à l’écologie par sa femme, engagée de la première heure dans les réseaux écologistes, Jean Bastaire prône la défense de la Création par un renouveau de la spiritualité franciscaine – s’inspirant notamment du Cantique des créatures de saint François – dans plus d’une dizaine d’ouvrages. « Des petits textes incisifs très stimulants, écrits d’une belle plume », relève le P. Dominique Lang, assomptionniste et journaliste à l’hebdomadaire Pèlerin, spécialisé sur les questions d’écologie chrétienne. « Il a beaucoup interpellé les franciscains sur ces questions », rappelle le P. Lang.



Dans une lecture renouvelée de l’Épître aux Romains, il pose les fondements d’une « théologie de l’engagement écologique », analyse le journaliste Patrice de Plunkett, avec qui il a entretenu une correspondance dans les dernières années de sa vie. « Jean Bastaire a joué un très grand rôle dans la redécouverte de la dimension cosmique de la théologie. Pour lui, la promesse de salut n’est pas destinée à l’homme seul, mais à l’ensemble de la Création dont il est responsable. » « Il a mis l’accent sur un aspect de la foi qui est complémentaire de la mise en valeur de la personne humaine », appuie Mgr Marc Stenger, évêque de Troyes, proche de cet homme « pour qui la foi était le nœud de toute son existence ».



« Je rame depuis près d’un quart de siècle sur l’océan de l’écologie chrétienne »



Fidèle à ses engagements, Jean Bastaire vivait dans une grande proximité avec son épouse. Après la mort d’Hélène en 1992, il continue à cosigner ses ouvrages avec le nom de sa femme, dans « une collaboration indicible mais réelle, qui pour (lui) s’apparente à ce que l’on nomme la communion des saints », confiait-il à La Croix le 21 novembre 2012.



Homme discret et fidèle, Jean Bastaire ne s’est jamais mis en avant. C’est peut-être en partie la raison pour laquelle son message n’a pas reçu l’écho qu’il espérait au sein de la communauté catholique. « Je rame depuis près d’un quart de siècle sur l’océan de l’écologie chrétienne dont on commence seulement à pressentir l’immensité temporelle et spirituelle », écrivait-il à Patrice de Plunkett. « J’ai dû me convaincre que ce que j’avançais était vraiment nouveau, tant je recueillais peu d’échos. » Jean Bastaire portait l’espoir de susciter une congrégation consacrée aux questions écologiques, les « Petits frères et petites sœurs de la Création ».



Agnès Chareton



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lavie.fr, 26 août 2013



Décès de Jean Bastaire, pionnier de l'écologie chrétienne



Philosophe discret, Jean Bastaire nous a quittés le samedi 24 août. Portrait de cet humble penseur de l'écologie chrétienne.



C'était en octobre 2010, à l'auditorium du Monde, boulevard Blanqui dans le 13e arrondissement de Paris. A l'invitation de notre hebdomadaire et de la revue Prier, Jean Bastaire était venu donner une conférence sur le thème de « l'Ecologie, expression de la fragilité de la Terre ».



Citant les grands penseurs qu'il affectionnait depuis toujours – François d'Assise mais aussi Charles Péguy et Hildegarde de Bingen - il réitéra son ambition intellectuelle de lier engagement écologique et démarche spirituelle. Pour lui « la lutte contre le changement climatique et la préservation de la biodiversité sont inséparables de la prise de conscience que nous sommes tous des créatures de la Création ». Et de préciser : « Il nous faut donc unir, en tant qu' écologiste chrétien, dans tous nos gestes et nos actions, le Ciel et la Terre ». Il avait d'ailleurs publié dans la revue Prier, en décembre 2008, un long texte intitulé « Priez pour la Terre ».



D' un niveau théologique élevé – ce que ne le rendait pas toujours accessible au grand public – Jean Bastaire a écrit de nombreux livres de référence sur ce thème. Parmi la vingtaine d'ouvrages, les plus marquants sont, sans conteste, Le chant des créatures (Cerf, 1996), Pour une écologie chrétienne (Cerf, 2004) et Pour un Christ Vert (Salvator, 2009).



Très liée à sa femme Hélène, médecin homéopathe décédée en 1992, il continuera à signer ses livres les plus récents de leur deux noms, revendiquant avec elle « une communion des saints ». Très proche de la spiritualité franciscaine, Jean Bastaire collabora également à la revue Esprit de 1952 à 1981 et n'hésita pas pour autant à s'engager, dès les années 70, au WWF, une association de protection de l'environnement. Un engagement qu'il expliquait ainsi dans Les Essentiels de La Vie, publié le 26 novembre 2009 à la veille du sommet de Copenhague : « Nous voulions apporter une voix chrétienne aux écologistes et une voix écologique parmi les chrétiens ».



Très discret (trop ?) il est décédé, samedi 24 août, à l'age de 86 ans, à Meylan, près de Grenoble. Sur le site du journaliste Patrice de Plunkett, qui lui rend hommage, le père Cardine, curé de la paroisse de Meylan confie : « J'ai donné vendredi soir à M. Bastaire le sacrément des malades. Il était si discret que j'ignorais sa présence sur ma paroisse ». Dans un de ses livres, très joliment titré Court traité d'innocence (Lethielleux 1977), Jean Bastaire n' écrivait-il pas déjà ceci : « Il n'y aurait de triste que la mort du printemps, si le printemps devait mourir ».



Olivier Nouaillas


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